CarnetdevoyageRoumanie

la Roumanie 

Bucarest

La première idée qui surgit lorsqu'on évoque Bucarest, c'est évidemment la riche Maison du Peuple qu'avait construit le redouté et redoutable Ceaucescu pour mieux asseoir son pouvoir. Cette imposante et luxueuse bâtisse, aux dizaines de kilomètres de couloirs en marbre, et qui a vu se tourner en son sein une scène du film Z de Kosta Gavras, s'est aujourd'hui reconvertie en Palais du Parlement. Elle abrite également, si je ne me trompe, les bureaux de l'Union Européenne.

Mégalomane, Ceaucescu avait voulu voir se construire, devant sa Maison du Peuple, une immense avenue dont la longueur serait de quelques mètres supérieure à celle des Champs-Elysées de Paris.


Les bâtiments construits sur cette avenue abritaient les notables du régime et toutes ces familles sur lesquelles le Pouvoir devait nécessairement compter et s'appuyer pour sa stabilité. Aux autres, c'est à dire à la majorité des Bucarestois, on promettait des blocs de béton particulièrement inharmonieux...

A noter l'allure martiale et triomphante de ces appartements de privilégiés du régime. Rome n'est pas loin. N'oublions pas non plus que Roumanie signifie aussi "pays romain, fondé par Rome". Une statuaire représentant la louve allaitant ses petits est omniprésente en Roumanie.


 

Dans son rêve mégalomane, Ceaucescu va démolir des quartiers entiers, tenter de raser un maximum d'églises qu'il considère être une menace possible pour le régime communiste. On dépossède aussi les riches avec, comme effet pervers, le fait que des propriétaires ne sont plus en mesure d'entretenir leurs biens. La paupérisation de la ville, déjà amorcée par l'ère communiste, s'accentue. Quelques milliers de maisons à l'architecture pourtant digne d'intérêt se délabrent peu à peu, attendant le bon vouloir de leur propriétaire ou de se voir attribuer de nouveaux maîtres.

Il y a là, à Bucarest, tout un patrimoine qui attend sa rédemption.


D'autres bâtiments bucarestois ont heureusement hérité de destins plus chanceux...  

Pourquoi l'ancien et le moderne ne pourraient-ils faire bon ménage?...

Face au Palais Royal, le bâtiment de l'ancien Comité central du Parti communiste roumain. La bâtisse doit sa célébrité à deux événements majeurs de la politique suivie par le régime du dictateur, en fait deux réunions de masse :

- En août 1968, Ceaucescu s'y rend extrêmement populaire en condamnant publiquement l'invasion Tchécoslovaque par l'URSS et en se désolidarisant du bloc communiste russe.

- Le 21 décembre 1989, la foule chahute le discours de Ceaucescu au point qu'il devra renoncer à le prononcer (du balcon central du bâtiment, premier étage). Les forces de sécurité n'hésiteront pas à tirer dans la foule en colère. La révolution se met en marche et Ceaucescu sera forcé de s'enfuir par hélicoptère.  Fin du règne du dictateur communiste roumain. Fin d'un désastre. La Place du Palais sera rebaptisée dès lors Place de la Révolution.


Une des statues de la Place de la Révolution semble faire un bras d'honneur

(et davantage peut-être) à l'ancien dictateur...

Proche de la Place de la Révolution, ce bâtiment étonnant risque bien de devenir le symbole de la reconstruction du pays. Il entremêle le meilleur de l'archiecture ancienne "terrestre" et les perspectives "aériennes" offertes par l'architecture d'aujourdhui...



 

 

 

Les bâtiments religieux rasés ne se comptent plus durant l'ère Ceaucescu. Ou plutôt si !... De source ministérielle a priori sérieuse, 22 églises auraient été rasées durant la période communiste.

Il y avait, paraît-il, à Bucarest, 365 églises, une pour chaque jour de l'année ! ...

Ne pleurons pourtant pas ce patrimoine anéanti et restons plutôt dans l'optimisme. Il en reste malgré tout ! D'abord, certains Roumains n'ont pas hésité à construire des murs devant l'une ou l'autre église de manière à les rendre moins visibles des apparatchiks du régime et les auraient ainsi sauvées. Ensuite, d'autres se sont construites (ou reconstruites) dans la plus totale des frénésies, et cela, dès la chute du communisme.


Parmi les plus importantes, l'église orthodoxe russe de Bucarest... 

 

...mais, parmi les plus anciennes, épinglons surtout l'église du monastère de Stavropoleos (qu'on pourrait traduire du grec par Croixville).


A 500 mètres du monastère de Stavropoleos, la Caisse d'Epargne.

Là encore, mariage acceptable, selon moi, de l'ancien et du moderne.

 

 

A mi-chemin entre le monastère de Stavropoleos et le bâtiment de la Caisse d'Epargne, le café le plus célèbre de Roumanie: le Caru' Cu Bere.


Et ne l'oubliez jamais, à l'instar de la Belgique, la Roumanie est le pays de la bière par excellence, servie généralement par demi-litre et à des prix ultradémocratiques (pour nous; pour le Roumain, cela reste cher). Et comme les étés sont aussi chauds que les hivers ne sont froids...


Je vous laisse apprécier les beautés extérieure et intérieure de ce lieu mythique.

 

Proche de la Caisse d'épargne, le passage Macca,

en fait une ancienne galerie sous verrière.

Une aubaine sous les caniculaires étés de Bucarest...

 

Dans ce quartier populaire et animé de Bucarest, mieux vaut, l'été,

choisir une terrasse rafraîchie en permanence par l'un ou l'autre brumisateur...

Les sculptures ne s'apprécient-elles pas ent tournant autour d'elles?

Alors, tournons...


Le palais Cantacuzène abrite le Musée National George Enescu, du nom du plus célèbre musicien roumain, compositeur, violoniste virtuose, chef d'orchestre et pianiste. George Enescu est né le 18 août 1881 à Liveni (Moldavie) et est mort le 4 mai 1955 à Paris.

Des concerts sont régulièrement donnés en ce lieu. Ils sont souvent gratuits mais exigent des réservations en bonne et due forme. Autant d'occasions de visiter ce Palais (hall d'entrée et petit théâtre seulement) dans des conditions paradisiaques.


 

En remontant la Calea Victoria, à quelques encablures à peine de la Place de la Révolution, l'une de mes salles de spectacle favorites: l'Ateneul (l'Athénée), un véritable bijou (et je pèse mes mots), construit en 1886...


L'Ateneul est une salle dédiée aux concerts uniquement.

Pour l'opera, voir évidemment l'Opéra National (très impressionnant lui aussi,par ses dimensions, cela, de l'intérieur comme de l'extérieur).

Et pour les spectacles telles que les danses classique ou moderne, il y a la salle Palatulul, située derrière le Palais Royal comme son nom l'indique.



A voir également, à tout prix, le Palais Cotroceni.

Tout comme pour le Parlement (ancienne Maison du Peuple), des mesures exceptionnelles de sécurité y sont d'application; rien de plus normal, le Président de la République y possède son bureau personnel! Voilà, si nécessaire, qui devrait être encore le garant de la beauté du lieu...

Le Palais Cotroceni est proche du splendide Jardin Botanique: l'occasion d'une relaxe bienvenue...


 

Et pour terminer cette visite (non exhaustive évidemment) de Bucarest, quelques images classiques prises dans l'un des nombreux parcs de la ville.

Celui qui a mes préférences est immense: le parc Herastrau; une petite route goudronnée d'environ 10 km en fait le tour... Avec plein de petites attractions dont je vous ferai grâce, de mini-plaines de jeux pour enfants tous les 500 mètres environ, des parcours éducatifs, une fête foraine ici, des concerts gratuits là-bas, du canotage, du golfe, et des cafés et restaurants à la pelle...



Quelques fondateurs de l'Europe...

(Parcours éducatif du parc Herastrau subsidié par l'Union Européenne)


Vue sur la Maison de la Presse Libre.

Vue partielle du parc Herastrau avec, comme point de repère, à l'horizon,

la Maison de la Presse Libre.

Slanic Moldova

 

Il était une fois, située au coeur d'une forêt profonde (vous en connaissez qui ne le soit pas, vous?), Slanic Moldova, surnommée "la Perle des Carpates". Depuis la découverte de ses sources en 1881, elle se targuait de guérir toutes les maladies du monde ! Lourdes n'avait qu'à bien se tenir ! Et chaque point d'eau, comme il se doit, affichait ses propriétés particulières...

Et puis, boum, juin 2010 ! Me voilà, moi, comme par magie propulsé à Slanic Moldova, avec, aux pieds (où vouliez-vous d'autre que je les chausse ?), mes gros sabots de casanier délogé du logis par la force.

J'y débarque donc précautionneusement, avec, en bandoulière, mon hyperchance habituelle. Et, n'y tenant plus, je prends le risque de me risquer à me risquer à têter le premier robinet venu. Malheur ! Je me retrouve aussi sec (façon de parler) avec, en bouche, un plein machin d'ultrasulfure que je devine vaguement liquide ! Ouais, comme je vous le dis, j'ai même failli vômir ! (Avec ce genre de détail néo-réaliste, le site gagne nettement en qualité, non ?)

Aujourd'hui, je me demande encore de quelle maladie cet infect carburant a pu débarrasser mon corps point encore totalement mourant. Sachant que, de toute manière, je ne pourrais connaître pire, j'ai aussitôt tâté à d'autres mamelles de la montagne, et grand bien me fasse ! (sans plus vraiment savoir lequel), avec pour résultat cette fois, l'obtention de jus infiniment plus raisonnables.

Mais, à mon grand chagrin, je n'ai pas trouvé le remède miracle capable de booster ma littérature...

Voici donc quelques photos de Slanic Moldova que je dédie à tous les malades du monde, les vrais qui savent qu'ils le sont, ceux qui se croient malades et ne le sont pas, et ceux qui croient qu'ils ne le sont pas mais qui le sont quand même. (Pour tant faire, autant brasser de larges populations, non ?).

Quant au décor de cette station thermale, sait-on jamais, peut-être sera-t-il celui du 8 1/2 d'un futur Federicu Fellinescu ?


Architecte: George P. Sterian. 1894.

Je me suis réveillé très très fatigué ce matin.

J'ai rêvé que j'avais construit, toute la nuit, pour un film fou, un immense échafaudage devant le mur. Que j'avais installé dessus une dizaine de figurants âprement recherchés et méticuleusement épinglés dans un casting sans fin. Que j'avais alors placé la caméra de telle sorte que chacun d'eux soit coiffé d'un clocheton...

Puis je m'étais dit que ce serait bien que ce soit une photo scolaire de fin d'année, avec, au centre le professeur, et de part et d'autre, de grands dadais d'élèves mal dégrossis. Après avoir organisé un nouveau casting et subi les mécontentement, injures et quolibets des premiers figurants éjectés, il m'avait fallu dénicher tout l'habillement approprié au nouvel arrivage et avais, pour cela, couru tous les magasins d'une première ville, puis d'une seconde.

A mon retour, le producteur exigeait la construction d'un deuxième échafaudage car le directeur de la photo s'était largement lamenté auprès de lui sur le manque de place du premier pour l'installation de tous ses éclairages.

Bref, un travail de titan, à mon âge... C'est vous dire si j'étais crevé, au saut du lit...


 

Oh, j'y pense, à propos de mon immense fatigue, oubliez tout ! Ce que je vous ai raconté n'est en fait que sornettes...

La vérité est bien plus simple : j'avais entrepris, la veille, l'ascension du sentier, fameux à Slanic Moldova, et dit "des 300 marches" (je le soupçonne d'ailleurs d'en compter beaucoup plus). Ce sentier balisé vous fait grimper presque verticalement dans la montagne et redescendre sur un autre versant. Après quoi, après avoir traversé pieds nus une rivière joliment froide et caillouteuse, il ne vous reste plus qu'à suivre la bonne vieille route qui vous ramène à la maison en contournant le massif.

Mais chut !... médicalement parlant, une telle ascension ne m'est plus véritablement conseillée...